Zheng Shusen, chirurgien impliqué dans des crimes contre l’humanité, radié de l’Académie Nationale de Médecine en France
Zheng Shusen, chirurgien coupable de crimes contre l’humanité en Chine et membre honoraire de l’Académie Nationale de Médecine en France, est radié de la prestigieuse institution.
Interview exclusive de Mme Fiorella Luna, directrice de l’ONG ETAC France (ETAC est une coalition internationale composée de juristes, scientifiques, avocats, universitaires et journalistes professionnels, qui ont pour mission d’informer à propos et de faire cesser les prélèvements forcés d’organes sur les prisonniers de conscience en Chine).
« Trafic d’organes » ou « prélèvements forcés » ?
Mme Luna donne en premier lieu une précision sur le fait que « prélèvements forcés d’organes » est un peu différent de « trafic d’organes ».
En effet, ETAC enquête depuis plusieurs années et indique que le « prélèvement forcé » consiste à prélever les organes des prisonniers de conscience (c’est-à-dire des personnes n’ayant commis aucun crime) injustement mis en prison pour leur foi ou leurs idées. Ces organes sont donc prélevés puis greffés sur des patients prêts à payer pour cette greffe. Ce trafic se révèle très lucratif. Etant donné que tous les organes (c’est-à-dire les organes non vitaux comme les organes vitaux) sont prélevés, cette forme de torture suprême engendre nécessairement la mort du « donneur ». C’est pourquoi on peut parler de « crime contre l’humanité », ainsi que l’a souligné le China tribunal en 2019. Mme Luna rappelle que les enquêtes menées par le China Tribunal ont permis d’affirmer que les Falun Gong sont « emprisonnés, envoyés aux travaux forcés, subissent des tortures et sont soumis au lavage de cerveau. S’ils sont compatibles avec des patients en attente de greffe, ils sont tués pour leurs organes. »
Hélène Tong, présidente de l’association Faluninfo, aux manettes de cette interview, rappelle à quel point le gouvernement chinois porte une atteinte très lourde aux droits de l’homme. Il est en effet intolérable de concevoir que des organes sont prélevés de force sur des personnes non consentantes, que celles-ci soient des criminels ou des citoyens pacifiques. Ce qui rend ce crime encore plus insupportable est le fait que d’innocents citoyens soient directement visés par cette pratique non éthique.
Zheng Shusen, un chirurgien qui fait fi de l’éthique médicale
Un chirurgien du nom de Zheng Shusen a pratiqué des milliers de greffes en Chine- oui, des milliers de greffes- principalement des greffes de foie. Pour documenter ces opérations, il a publié plus de 400 articles, mais ces articles ne citaient pas, la plupart du temps, la source des organes. Or, ceci est un prérequis pour publier des articles dans des revues médicales spécialisées.
Ces nombreux articles non sourcés ont intrigué une éthicienne australienne, la Pr Wendy Rogers, qui a mené une enquête sur ces articles publiés par des équipes chinoises suite à des greffes. Les articles en question étaient a priori dans le but de faire avancer la recherche scientifique, bien évidemment.
Ces enquêtes ont permis à Wendy Rogers de montrer que selon toute vraisemblance, « les organes provenant de source non éthique avaient probablement été prélevés sur des prisonniers. » Or, ajoute Mme Luna, il s’agit là d’une « violation éthique médicale de la part des chercheurs, car il est interdit d’utiliser des prisonniers pour faire des recherches scientifiques. Zheng Shusen figurait en bonne place parmi cette liste de médecins non éthiques. »
Ainsi, Mme Rogers a établi une « liste noire de chirurgiens non éthiques » nous dit Mme Luna.
Qui est cet homme ?
Hélène Tong s’interroge alors sur le CV « étrange » de Zheng Shusen. En effet, celui-ci est président d’une « association antisecte », alors qu’on sait qu’en Chine ce type d’association a un seul et unique but : celui de diffamer et persécuter des innocents. On est donc en droit de se demander quel rôle ce médecin est censé jouer ?
Mme Luna explique donc que « Zheng Shusen est un haut fonctionnaire du PCC (Parti communiste chinois). A ce titre, il représente le PCC lors d’évènements médicaux. De plus, il est en lien avec des « associations antisecte » présentes un peu partout en Chine. Ce type d’association incite à la persécution, notamment, des Falun Gong, car elles dispensent des formations aux cadres du PCC pour procéder au lavage de cerveau de ces chinois pacifiques dans le but de leur faire renoncer à leur pratique spirituelle. »
Le lien entre ces associations et le métier du chirurgien est alors évident : les prélèvements forcés impliquent une relation de proximité avec les prisons, les centres de lavage de cerveau, le bureau 610, les tribunaux etc. Certaines de ces futures victimes assassinées pour leurs organes sont détenues arbitrairement (c’est-à dire qu’elles sont détenues alors qu’elles n’ont pas été condamnées !). D’autres victimes sont en détention pour la simple et unique raison qu’elles possèdent un ou plusieurs documents expliquant ce qu’est la pratique du Falun Gong, ou encore ont des images représentant cette pratique.
On est face à une situation absurde, dans la mesure où le Falun Gong, ainsi que tout autre pratique spirituelle n’est nullement interdite par la Constitution chinoise,(voir article 36) donc ces personnes n’ont commis aucun crime ni délit.
Les Falun Gong n’ont commis ni crime ni délit, et pourtant nombre d’entre eux seront bel et bien assassinés pour leurs organes !
On comprend mieux pourquoi Zheng Shusen est à la fois chirurgien spécialiste de la greffe et président d’une « association antisecte » : il a ainsi aisément accès à une véritable banque d’organes faciles à obtenir !
Hélène Tong se demande alors comment un tel personnage peut faire partie de l’Académie Nationale de médecine en France ? Etant donné que de multiples enquêtes sont effectuées depuis 2006 à propos des prélèvements forcés d’organes, il paraît impossible qu’un véritable bourreau puisse être membre d’une telle institution, au pays de la liberté et du respect des droits humains, et où l’éthique médicale est très stricte et surveillée de près. Pourquoi et surtout comment se fait-il qu’il ait pu être élu membre d’honneur de cette prestigieuse académie ?
Mme Luna ne sait pas pourquoi ni comment cela a été possible. Toutefois, elle ajoute que lorsque ETAC les a contactés à son propos (voir courrier envoyé par ETAC en fin d’article), « ils ont dit avoir enquêté puis ont décidé de le bannir de l’académie, grâce à l’action de ETAC. »
Au vu des conditions inadmissibles dans lesquelles les prélèvements forcés d'organes semblent avoir été effectués par le Pr Zheng à fin de transplantation hépatique, conditions qui lui ont valu de voir ses articles rétractés dans plusieurs revues médico-scientifiques, le conseil d'administration de notre Académie a décidé qu'à dater de ce jour il n'est plus considéré comme membre de notre Académie et que son nom est supprimé de notre annuaire et de notre site internet — Pr Patrice Tran Ba Huy, Président de l'Académie Nationale de Médecine
Les hôpitaux partenaires- une situation problématique
Il subsiste toutefois un sérieux problème : en effet « des hôpitaux internationaux continuent d’avoir des partenariats avec des hôpitaux chinois. Concrètement, cela veut dire que des médecins chinois se rendent dans des hôpitaux dans le monde entier pour se perfectionner en matière de transplantations d’organes. » Il s’agit vraiment d’une manipulation de grande ampleur de la part du gouvernement chinois.
Mme Luna ajoute que « une fois qu’ils ont appris l’existence de ces prélèvements forcés, certains hôpitaux ont arrêté leur partenariat avec la Chine, tandis que d’autres ferment les yeux, car beaucoup d’argent entre en jeu. » Ces médecins parcourant le monde entier pour perfectionner leurs techniques médicales donnent une « fausse image de la Chine. Fausse car les médecins chinois se disent être partenaires de tel ou tel pays alors que dans les faits, ces médecins participent à des crimes au lieu de sauver les patients. »
Des années d’enquêtes et de recherches minutieuses- couronnées de succès
Évidemment, tout ce processus d’enquêtes, de contact, de communications et d’information a été extrêmement long et fastidieux.
En premier lieu, il a fallu « diffuser l’information auprès de plusieurs députés français. Mme Frédérique Dumas, ancienne députée des Hauts de Seine, a accepté d’aider. Au moins un médecin avait été signalé par Wendy Rogers comme faisant des greffes en prélevant des organes sur des prisonniers. Les articles scientifiques publiés suite à ces greffes avaient été refusés par des revues spécialisées prestigieuses ( telles que Liver International, Plos One), car les organes utilisés provenaient de source non éthique. » Ainsi, on voit qu’un « gros travail d’amont a été effectué par Wendy Rogers ».
« Puis en France ETAC a cherché si un lien entre ce type de médecins et Zheng Shusen avait été remarqué. Le 27 mai 2021, un courrier est écrit au président de l’académie de l’époque, le Professeur Bernard Charpentier, afin d’expliquer à quel point Zhen Shusen est impliqué dans des pratiques non éthiques et doit être banni de l’académie. La députée Frédérique Dumas a également aidé à cette prise de conscience, car elle écrit elle aussi à l’académie pour signaler ce médecin. »
« Par la suite, plusieurs courriers de relance ont été envoyés, car l’académie avait tout d’abord dit qu’ils allaient geler leurs relations avec Zheng Shusen et enquêter, avant de se prononcer. Le 8 février 2022, un courrier écrit par le nouveau président de l’académie nationale de médecine, le Professeur Patrice Tran Ba Huy informe par courrier Mme Dumas de la décision définitive, courrier ensuite transmis à ETAC. »
Mme Luna souligne le travail de collaboration essentiel pour mener à bien ces enquêtes et pour mener à cette décision courageuse de la part du Pr Tran Ba Huy.
Un travail collaboratif est essentiel- chaque voix compte
Hélène Tong souligne cette victoire qui illustre le travail de collaboration active de la part d’élus, et de la patience exercée. Elle rappelle que « le gouvernement chinois est toujours furieux lorsque ce genre de révélation est divulgué car il déploie des trésors d’ingéniosité pour infiltrer les sociétés occidentales à tous les niveaux. Se sentant démasqués, les dirigeants chinois essaient de redorer leur blason et passer pour des personnes respectables en infiltrant des institutions telles que l’académie nationale de médecine. La puissance meurtrière du PCC est inouïe, ainsi que le China Tribunal l’a révélé en 2019. »
Les prises de positions de nos politiques
On est en droit de se demander comment quelqu’un comme Zheng Shusen a pu être accueilli sur le sol français et être reçu au sein de cette prestigieuse institution française. Alors que l’IRSEM (Institut de Recherche Stratégique de l’Ecole Militaire) a publié un rapport montrant le degré d’infiltration des institutions chinoises dans notre pays, on est en droit de se demander ce que font nos dirigeants. Est-ce de la naïveté ? Les Etats Unis sont très bien positionnés à ce propos, mais qu’en est-il de la France, pays des droits de l’homme ?
Mme Luna souligne les différentes voies diplomatiques qui distinguent les méthodes française et américaine. « En France, la question des droits humains n’est pas traitée en public. Jamais le président Macron n’a fait de déclaration devant les caméras pour dire que la Chine est coupable de crimes à l’encontre de sa propre population. En revanche, aux Etats-Unis, une autre diplomatie est pratiquée. La Chine et les Etats Unis sont deux concurrents économiques. D’un côté se trouvent deux concurrents qui ont une vision du monde très différente. L’un est un pays libéral, et l’autre un pays autoritaire, dans lequel il n’y a ni démocratie ni liberté. A contrario, la France estime qu’il faut avoir de bonnes relations avec la Chine pour petit à petit guider celle-ci vers le chemin des droits humains. Pour autant, nos dirigeants savent très bien que la Chine fait ce qu’elle veut et qu’il y a peu de chances qu’elle nous suive sur le chemin du respect des droits humains : elle continuera à faire partie de la Commission Internationale des droits de l’homme alors que c’est elle qui viole le plus les droits de l’homme. »
Ainsi, conclut Mme Luna, « la relation entre la Chine et la France est une situation ambiguë : alors que le Parlement français a adopté une résolution pour reconnaître que les Ouïghours sont victimes de crimes contre les droits de l’homme, le président français reçoit le président chinois. »
Le gouvernement chinois, maître en dissimulation
Parallèlement, de nombreuses personnes estiment que pour conclure un partenariat, tel qu’un jumelage par exemple, la confiance et le respect mutuel sont des prérequis, alors que la Chine exporte une image erronée de son fonctionnement, en faisant croire à une ouverture et un fonctionnement digne d’un pays moderne, alors que les droits humains sont bafoués chaque jour et ce, dans toutes les provinces chinoises.
Bien que nos visions du monde soient, sinon opposées, du moins très différentes, la France continue ses jumelages, ses partenariats avec des hôpitaux, ses partenariats économiques. A l’inverse, les Etats-Unis dénoncent les crimes du PCC et son objectif, qui est de devenir la première puissance économique mondiale et la puissance qui va diffuser son modèle politique partout dans le monde. L’ambition de Xi Jinping est sans ambiguïté : faire que tous les pays soient sous le joug communiste, sur le modèle chinois.
Comment se fait-il alors que l’on continue ces partenariats avec des institutions chinoises, tout en sachant leur ultime objectif ?
Comment aider ?
Mme Luna termine en rappelant les différentes actions menées par ETAC. En premier lieu, il s’agit de dénoncer les crimes, puis chacun décide de ce qu’il ou elle veut faire, soit s’engager pour faire en sorte que cela s’arrête, ou alors décider de fermer les yeux, notamment sur le sujet des hôpitaux. Tous les arguments avancés par ETAC sont sourcés, donc chacun peut aller sur le site et y trouver les informations (synthèses, rapports, compte rendus etc) dont il ou elle a besoin pour se forger sa propre opinion.
« Cela peut nous sembler loin, ce qui se passe en Chine. Toutefois, ce qui est le plus important est que le grand public doit être au courant, afin d’aider à la protection de l’être humain, qui est le plus précieux. La liberté de l’homme passe nécessairement par le respect de la dignité. Si protéger les valeurs et les droits humains est important pour vous, vous pouvez nous suivre sur les réseaux et parler autour de vous. »
Pour finir, Hélène Tong annonce qu’elle recevra régulièrement sur notre chaîne Faluninfo des acteurs de ce combat pacifique. Cela permettra d’informer et de donner des outils pour agir contre ces criminels. Plus la prise de conscience sera massive face à eux, plus on aura la possibilité de faire bouger les lignes. Il s’agit d’un combat pacifique face à un gouvernement violent.
Un seul mot d’ordre : soyons vigilant à propos de la question majeure des droits humains
Chaque voix compte, chaque action est importante, c’est pourquoi Hélène Tong vous invite à nous suivre sur nos réseaux et à signer la pétition pour mettre fin à ces actes barbares.
Pour voir l’interview, c’est ici:
Voici la lettre envoyée par Madame Fiorella Luna à Monsieur Bernard Charpentier, Président de l’Académie Nationale de Médecine :