Sculptures de Bouddhas des grottes de Longmen dans la province du Henan en Chine.

La tradition de l’alchimie intérieure

Le XiuLian est le chemin de l’amélioration et du raffinement de soi, l’alchimie intérieure qui transforme un corps de plomb en corps d’or.

Le plus ancien héritage littéraire chinois, plus de douze siècles avant Jésus-Christ, est le Yi Jing (Livre des Mutations). Cet ouvrage introduit le concept des trois “énergies” : terrestre, céleste et humaine. Il est le premier témoin écrit de l’existence dans la Chine antique de la notion “d’énergies” – “énergies” avec lesquelles l’homme pouvait, par une pratique adaptée, s’harmoniser. Ce concept d’énergie sera développé ensuite pour devenir le XiuLian.

Le XiuLian

On peut trouver dans les écrits du Sage Lao Zi (VIème siècle avant J.C) des indications plus précises sur le « travail interne », ce que les taoïstes ont ensuite appelé « l’alchimie intérieure ». Lao Zi, dans son classique “Dao De Jing” (Ecrit sur la Voie et la Vertu) mentionnait le travail sur le “souffle”. De nombreux autres écrits taoïstes parlent de « nourrir la vie ». Le corps humain, considéré comme un microcosme, est un « monde » que la pratique physique et spirituelle peut « raffiner », « nourrir », « faire retourner à l’origine »

Le point central de tous ces enseignements – qu’ils soient d’origine taoïste ou bouddhiste  est le XiuLian. Xiu signifie “cultiver”, “rendre droit”. Lian signifie “forger”, “affiner”. Le XiuLian est le chemin de l’amélioration et du raffinement de soi. C’est l’alchimie intérieure qui transforme un corps de plomb en un corps d’or.

Importance de la Vertu

Le cours des dynasties a vu le développement de nombreuses méthodes de XiuLian. Certaines sont méditatives, d’autres martiales, quelques unes thérapeutiques… Toutes sont liées à la notion de purification et d’élévation spirituelle. Le “pratiquant” est nécessairement et avant tout un homme de haute Vertu. Il réussit par son travail sur lui-même à percer l’illusion du monde profane.

Expression des quatorze méridiens - Page tirée d'un ouvrage de la dynastie Ming

Expression des quatorze méridiens – Page tirée d’un ouvrage de la dynastie Ming

La civilisation chinoise est baignée de l’idée que des maîtres et des sages aux capacités extraordinaires sont “dans les montagnes”, et transmettent des techniques et des savoirs secrets aux quelques vertueux dignes de recevoir “la Voie”. Cette idée se retrouve depuis les textes les plus sacrés jusqu’aux romans et mythes populaires.

Depuis la notion de dualité jusqu’au mode de description des phénomènes, le cadre conceptuel de ces savoirs est tout à fait différent du nôtre. Cela rend sa profondeur difficilement accessible à notre esprit occidental. Le corps humain possède trois âmes et sept esprits. Une Passe mystérieuse est fondée dans le Palais Niwan du corps. La pilule de cinabre se cristallise dans le bas-ventre… Un regard occidental ne peut y trouver ses repères sans avoir au préalable acquis des repères symboliques chinois.