Question écrite de Mme Sophie Mette, députée MoDem de la Gironde, à M. le ministre de l’Europe et des affaires étrangères

Mme Sophie Mette, députée Modem de la Gironde

Mme Sophie Mette, députée Modem de la Gironde

Dans sa question écrite du 26 juin 2018, « Mme Sophie Mette attire l’attention de M. le ministre de l’Europe et des affaires étrangères sur les éléments concordants montrant l’existence de prélèvements forcés d’organes sur des prisonniers de conscience en Chine. 

Les associations de défense des droits de l’Homme ont toujours estimé que les prisonniers exécutés étaient la source principale des organes destinés à la transplantation. Cependant, le nombre de ceux-ci ne permet pas d’expliquer l’augmentation colossale du nombre de transplantations observé depuis l’année 1999. Le nombre de centres de transplantation en Chine est par exemple passé de 150 à 600 entre 1999 et 2006. D’après trois rapports internationaux accablants (Kilgour/Matas en 2008, Gutman en 2015, Kilgour/Matas/Gutman en 2016), établis à partir d’enquêtes indépendantes, ces pratiques auraient pour première cible les pratiquants bouddhistes du Falun Gong emprisonnés du fait de la répression sanglante que subit leur mouvement, mais également des groupes minoritaires ethniques ou religieux (Tibétains, Ouïghours, Chrétiens). Ces prélèvements [servent] à alimenter une filière nationale de vente d’organes. Ces mêmes rapports montrent que le système carcéral chinois interagit avec les hôpitaux chinois pour organiser l’approvisionnement en organes. Sur la base de ces éléments, le 12 décembre 2013, le Parlement européen a adopté une première résolution contre les prélèvements forcés d’organes en Chine, recommandant aux États membres de condamner publiquement les abus en matière de prélèvements d’organes. En complément de cette résolution en 2016, le Parlement a adopté la Déclaration écrite (WD 48) qui demande à chaque pays membre de l’Union d’agir contre ces pratiques. Bien que la Chine dise avoir interdit en 2015 le prélèvement des organes des condamnés à mort sans l’accord préalable de ceux-ci, des interrogations subsistent quant à la réalité des chiffres de transplantations annoncés par le régime chinois, qui masqueraient la poursuite de prélèvements d’organes à grande échelle à partir de donneurs non-consentants. Dans les même temps, plusieurs entreprises pharmaceutiques, parmi lesquelles les géants européens Roche et Novartis, ont été pointées du doigt par des associations de défense des droits de l’homme comme Amnesty International et par de grands médias européens comme le journal allemand Die Zeit pour avoir réalisé des essais cliniques en Chine dans le domaine de la transplantation et pour avoir signé sans transparence aucune des « partenariats de recherche » largement financés avec des centres de transplantation chinois. Ainsi, elle souhaiterait savoir quelle a été l’action de la France pour s’assurer de la réalité de l’interruption de ces prélèvements non-éthiques, et pour garantir que les entreprises pharmaceutiques françaises ne contribuent pas indirectement, par leurs financements, au trafic d’organes humains en Chine. »

Comme à l’accoutumée, la réponse apportée à la question de la députée est ambivalente : d’une part, on souligne que « la Chine a rendu illégal le trafic d’organes en 2007 et a officiellement mis fin aux prélèvements d’organes sur des prisonniers exécutés en 2015. La réforme a permis des avancées positives. » Nos dirigeants prendraient-ils les allégations d’un gouvernement totalitaire pour argent comptant ? Cela relèverait d’une grande naïveté ; toutefois, la réponse met en avant le fait que « sans porter d’appréciation sur la nature du mouvement Falun Gong, la France entend continuer ses efforts en faveur du respect, par la Chine, de la liberté de religion ou de conviction. Elle souhaite, à ce titre, la libération des prisonniers de conscience. De manière générale, la France évoque régulièrement la question des droits de l’Homme en Chine lors des entretiens bilatéraux de haut niveau. Elle exprime ses préoccupations publiquement au Conseil des droits de l’Homme. »

Souhaitons que la prise de position de Mme Mette permette à un grand pays comme la France de rester fidèle à ses convictions en matière des droits de l’homme.