Après avoir suscité l’attention de la communauté internationale, un enseignant emprisonné injustement est libéré après douze ans d’enfermement et de torture

M. Bian Lichao (à gauche) et son épouse (décédée) Zhou Xiuzhen (à droite) étaient tous deux enseignants de collège dans la province du Hebei

M. Bian Lichao (à gauche) et son épouse (décédée) Zhou Xiuzhen (à droite) étaient tous deux enseignants de collège dans la province du Hebei

Le 24 juin 2023, M. Bian Lichao, un ancien enseignant de la province du Hebei, a été libéré de la prison de Shijiazhuang après avoir purgé une peine de 12 ans pour avoir soit-disant produit des DVD et des affiches de Shen Yun Performing Arts, selon Weiquanwang (réseau de protection des droits).

Compte tenu de la décision exceptionnellement sévère rendue dans son cas, Bian, aujourd’hui âgé de 57 ans, a été présenté à plusieurs reprises comme un prisonnier de conscience notable dans le rapport annuel du Département d’État américain sur les pratiques en matière de droits de l’homme. Il est l’un des 16 cas représentatifs de la base de données sur les prisonniers politiques de la Commission exécutive du Congrès sur la Chine (CECC) et mentionné dans les rapports annuels de la CECC depuis 2015. L’ambassade et les consulats des États-Unis en Chine ont également présenté son cas dans la version chinoise des « Rapports par pays sur les pratiques en matière des droits humains en 2019 : la Chine (y compris Hong Kong, Macao et le Tibet) ».

D’enseignant modèle à prisonnier de conscience

Avant d’être condamné, Bian Lichao était un enseignant modèle au dixième collège de Kailuan, dans la ville de Tangshan, dans la province du Hebei. Avec ses 20 ans d’expérience dans l’enseignement, il a été nommé à plusieurs reprises employé exceptionnel par l’école pour son dévouement. Cependant, depuis le début de la persécution du Falun Gong en 1999, la direction de l’école l’a privé de ce poste parce qu’il restait fidèle à sa foi.

M. Bian Lichao

En dehors de son travail à l’école, M. Lichao participait activement à la diffusion d’informations et passait la plupart de son temps à sensibiliser le public à la persécution du Falun Gong par le régime chinois, bien qu’il soit surveillé par les autorités locales du Parti communiste chinois (PCC).

Le 25 février 2012, le ministère de la sécurité publique (MPS) et les forces de sécurité extralégales du bureau 610 ont lancé une campagne contre la diffusion de DVDs et d’affiches Shen Yun Performing Arts.

La compagnie américaine Shen Yun Performing Arts est interdite en Chine car elle a pour but de faire revivre la culture chinoise traditionnelle et de montrer la persécution du Falun Gong. Shen Yun ne pouvant se produire en Chine, des pratiquants de Falun Gong ont commencé à télécharger les enregistrements des spectacles et à les distribuer autour d’eux.

Ces actions étant considérées comme une diffusion de documents interdits par les forces de sécurité chinoises, elles punissaient les personnes qui faisaient pacifiquement la promotion des arts traditionnels, y compris par des poursuites judiciaires. Les auteurs de cette campagne de répression en 2012 comprenaient des officiers du MPS et du Bureau 610. Ils ont ciblé des pratiquants dans plus d’une douzaine de provinces (plus de la moitié du total), dont les provinces du Hebei, du Liaoning et du Shandong.

Ce même jour (le 25 février 2012), la police du district de Lunan, dans la province de Hebei, soupçonnant Bian d’être impliqué dans la production et la diffusion de DVDs et d’affiches de Shen Yun, l’a pris pour cible, ainsi que sa femme, qui ne pratiquait pas le Falun Gong. Le couple a été arrêté arbitrairement sans mandat, et la police a également saccagé et confisqué des biens personnels à leur domicile, leur extorquant plus de 100 000 yuans (plus de 12 000 euros) en espèces.

Des fonctionnaires du tribunal falsifient des éléments de preuve

Après quatre mois de détention, Bian a été traduit devant le tribunal intermédiaire de la ville de Tangshan le 26 juillet 2012 sans qu’aucun membre de sa famille ne soit présent, car les autorités ont révoqué le droit de son épouse à assister aux procédures judiciaires. Au cours du procès, Bian s’est défendu et a expliqué comment le procureur, Ren Weijian, du parquet de Lunan, avait obtenu injustement les preuves utilisées contre lui.

« Ils ont utilisé la sécurité de mon épouse et de ma fille pour me menacer. Ils ont également menacé de les arrêter si je niais les accusations. Ils ont appelé un faux témoin et utilisé des preuves sans rapport avec les accusations. » — M. Bian Lichao

Bian a évoqué le harcèlement et les traitements injustes auxquels il a été confronté lors de son arrestation et de sa détention. Entre février et juillet, des agents ont sévèrement torturé l’ancien professeur de collège à de nombreuses reprises pour lui extorquer des aveux. Son épouse et sa fille ont été menacées et étroitement surveillées par la police. Les biens professionnels confisqués à Bian, y compris l’argent liquide, ont été considérés à tort comme de « l’argent du Falun Gong » par le tribunal.

Le tribunal où M. Bian Lichao a été condamné

À l’issue de ce simulacre de procès, M. Bian Lichao a été condamné à 12 ans de prison par le tribunal intermédiaire de la ville de Tangshan, dans la province de Hebei. Lorsque les habitants du même quartier que Bian ont appris sa condamnation, 279 d’entre eux ont signé une lettre d’appel avec leurs empreintes digitales pour demander sa libération.

Torturé en prison

Entre juillet 2012 et janvier 2013, Bian Lichao a été placé dans la prison de Baoding, dans la province du Hebei, où chaque jour quatre gardiens de prison et trois détenus criminels se sont relayés pour le surveiller et le torturer.

Après que Bian a eu une crise cardiaque et a développé une ischémie myocardique sévère et un infarctus du myocarde à cause de la torture et des mauvais traitements, il a été transféré au pavillon numéro huit de la prison numéro quatre de Shijiazhuang, dans la province du Hebei, le 6 janvier 2013 et y est resté jusqu’à sa libération le 24 juin 2023. Au cours de cette décennie d’enfermement, les autorités de la prison de Shijiazhuang ont infligé à Bian de multiples séries de tortures.

Au bout de trois mois, Bian était pâle et émacié, les joues creuses et les yeux enfoncés. Il présentait également des symptômes d’hypertension et d’arrêt cardiaque. Le 22 avril 2013, lorsque son épouse lui a rendu visite en prison, la première chose qu’il lui a dite a été : « Xiuzhen, chaque fois que nous nous rencontrons, c’est peut-être notre dernière fois. »

Le 17 juin 2013, son épouse et sa fille ont appris que les autorités l’avaient transféré à une équipe de gestion stricte au sein de la prison, où 26 détenus se sont relayés pour le torturer 24 heures sur 24. L’état physique de M. Bian s’est rapidement détérioré et il a frôlé la mort. La libération conditionnelle pour raisons médicales lui a été refusée, malgré les appels de son épouse et de sa fille aux autorités pénitentiaires.

Le 13 novembre 2013, ils ont engagé Xia Xinmin, un pratiquant de Falun Gong qui avait renoncé à sa foi, pour faire subir à Bian un lavage de cerveau et des sévices psychologiques. On ne dispose pas d’informations supplémentaires sur le traitement qu’il a subi en détention entre 2014 et 2023, en raison de la censure stricte des informations et de la détention des membres de sa famille qui ont signalé la situation précédemment décrite.

Une famille déchirée

Alors que Bian Lichao était en prison, son épouse et leur fille ont largement dénoncé les tortures qu’il subissait et ont fait appel pour recevoir un soutien du public, ce qui a mis en colère les responsables de la prison de Shijiazhuang. Lors de leur visite régulière à la prison le 16 juillet 2013, le chef du 28e quartier de la prison, Yue Yuhai, a menacé de les arrêter avec des gardes armés.

Pendant plusieurs mois après cet incident, les membres de la famille de Bian ont été refoulés et se sont vu refuser le droit de visite. À partir du 4 mars 2014, leur fille Bian Xiaohui, alors âgée de 23 ans, a commencé à lancer un appel en se tenant devant la prison avec une banderole sur laquelle on pouvait lire « Je veux voir mon père ».

Bian Xiaohui, tout juste titulaire de sa licence universitaire en 2014, face à la prison de Shijiazhuang demande pacifiquement la libération de son père

Des policiers ont arrêté Mme Bian à son domicile le 12 mars 2014 et l’ont placée en détention au centre de détention numéro deux de Shijiazhuang. Les gardiens l’ont forcée à dormir dans une pièce sans lit ni commodités appropriées pendant 25 jours. En outre, Mme Bian a été privée de son droit d’accès à un avocat. Après près de deux mois de détention au secret, elle n’a rencontré ses avocats qu’en mai 2014.

La fille de Mme Zhou, Bian Xiaohui, encerclée par la police avant son arrestation

Le lendemain de l’arrestation de sa fille, Mme Zhou Xiuzhen a été arrêtée à son domicile, le 13 mars 2014. Le 5 août 2014, Mme Zhou a été jugée par le tribunal du district de Lunan, à Tangshan, et accusée d’avoir publié des informations sur l’arrestation de son mari. Elle a été condamnée à quatre ans de prison.

Le 10 avril 2015, le tribunal du district de Qiaodong a reconnu Biao Xiaohui coupable et l’a condamnée, lors d’un procès à huis clos, à trois ans et demi de prison pour violation de l’article 300, la disposition du code pénal la plus souvent utilisée par le Parti pour justifier l’emprisonnement des pratiquants de Falun Gong. L’un des avocats de Bian n’a été informé du verdict que plusieurs jours plus tard.

La condamnation injuste de Mme Bian a attiré l’attention de la communauté internationale et a fait la une du South China Morning Post et de Epoch Times. L’organisation de défense des droits de l’homme Chinese Human Rights Defenders a soumis son dossier aux Nations unies en mai 2015.

Mère et fille ont toutes deux purgé leur peine dans la prison pour femmes de la province du Hebei – Mme Zhou a été détenue dans le pavillon numéro neuf, sa fille dans le pavillon numéro quatorze.

D’après Minghui.org, en raison des mauvais traitements graves subis en prison, Mme Zhou a commencé à vomir du sang et a souffert de symptômes d’une grave accumulation de liquide autour de son foie, ce qui a provoqué un gonflement de l’abdomen, et elle a dû être transportée d’urgence à l’hôpital pour femmes de la province du Hebei.

Feue Mme Zhou Xiuzhen, avant d’être arrêtée et condamnée pour avoir fait appel pour demander la libération de son mari (à gauche) et après avoir été libérée de la prison pour femmes de la province du Hebei en 2018 (à droite)

Bien que Mme Zhou ne pratique pas elle-même le Falun Gong, après sa libération en 2018, la police l’a harcelée pour avoir protesté contre la condamnation de son mari au poste de police local et pour avoir écrit des lettres ouvertes aux agences gouvernementales. En 2020, Mme Zhou est décédée des suites d’une maladie du foie qu’elle a développée à la suite des mauvais traitements subis en prison.

Comme le rapporte Minghui.org, leur fille Xiaohui a aussi été constamment harcelée par la police de Tangshan. Après son mariage et son déménagement dans la ville de Linfen, dans la province de Shanxi, la police de Tangshan l’a localisée, a parcouru presque 900 kilomètres pour se rendre sur place, puis a forcé son propriétaire à résilier son bail locatif.

Le cas de la famille Bian a également été couvert par Minghui, Chinese Human Rights Defenders, The Epoch Times, Doctors Against Forced Organ Harvesting.