A suivre de près en Chine en 2023: cinq tendances de la persécution que subissent les Falun Gong

Des policiers en civil sont prêts à agresser un manifestant pacifique et désarmé

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Alors que la population à travers le monde célèbre le Nouvelle An Chinois et accueille l’Année du Lapin le 22 janvier, des dizaines de millions de personnes en Chine restent injustement emprisonnées, séparées de leurs proches, ou poursuivies par les forces de sécurité du Parti Communiste Chinois, tout simplement parce qu’ils pratiquent le Falun Gong ou diffusent des informations que le Parti souhaite étouffer. 

Pendant l’année 2022, l’année du Tigre, la persécution du Falun Gong menée par le PCC s’est intensifiée dans le pays tout entier parallèlement aux confinements liés au COVID-19 et à la tenue du 20ème Congrès du Parti. Voici cinq tendances clés à surveiller à l’horizon 2023. 

1) Cibler les pratiquants de Falun Gong dans le cadre des efforts de censure concernant le pic des infections et des morts du COVID

Après trois ans de confinements imposés dans toutes les villes et autres restrictions sévères de mobilité pour endiguer la propagation du COVID-19, le PCC a brusquement levé la plupart des mesures de santé publique liées au virus en décembre 2022, en réaction aux manifestations nationales exigeant leur suppression. Ce revirement rapide, le peu d’anticipation de la part des autorités et les variants hautement contagieux ont entraîné une recrudescence des cas et des décès liés au COVID-19 en Chine.

Comme le PCC l’a fait tout au long de la pandémie, les autorités chinoises restreignent les informations sur l’ampleur réelle des infections et le nombre croissant de décès, en occultant les données et en censurant internet. 

Depuis 2020, des pratiquants de Falun Gong dans de nombreuse régions de Chine ont pris l’initiative d’obtenir et de diffuser des informations concernant la situation sanitaire dans les zones confinées ou les hôpitaux, attirant parfois l’attention internationale. Plusieurs pratiquants ayant pris part à ce genre d’action ont été détenus, poursuivis et condamnés à de lourdes peines de prison. 

Avec la dernière recrudescence des cas, les pratiquants ont recommencé à partager des mises à jour régulières, notamment via le site web Minghui. En 2023, alors que les infections se propagent dans un contexte de censure de l’information, nous devrons suivre de près les journalistes citoyens pratiquant le Falun Gong. Ils sont une source vitale d’information même s’ils subissent des représailles pour avoir partagé des informations non censurées, notamment des photos et des vidéos, avec le monde extérieur. 

Le Falun Gong serait probablement davantage ciblé par les autorités dans les régions du nord et nord-est de la Chine, telles que les Provinces de Hebei, Shandong, Jilin et Heilongjiang, où résident de nombreux pratiquants de Falun Gong et où les autorités ont toujours été particulièrement brutales dans leurs répressions contre les pratiquants. 

2) Une surveillance hi-tech pour contrôler et arrêter les pratiquants de Falun Gong

Au cours des deux dernières décennies, le PCC a mis en place le système de surveillance totalitaire le plus sophistiqué au monde, en mariant la surveillance high-tech des lieux publics, la technologie de reconnaissance faciale et vocale, la collecte de données biométriques, la surveillance d’Internet ainsi que des systèmes de bases de données intégrés pour suivre des personnes ciblées. 

Les pratiquants de Falun Gong ont été à la fois une cible privilégiée de cette surveillance et un terrain d’essai pour les nouvelles technologies, comme en témoigne le nombre croissant d’enquêtes menées ces dernières années. Un chercheur a découvert que des bases de données de “personnes clés” remontant à 2008 étaient utilisées pour surveiller les Falun Gong et ciblent à présent un éventail bien plus large de victimes en Chine, y compris des étrangers. 

L’association de défense des droits de l’Homme Freedom House a rapporté en 2022 que « beaucoup de pratiquants de Falun Gong ont été emprisonnés ces dernières années pour avoir posté des messages à propos [des Falun Gong] ou des violations des droits de l’Homme sur les réseaux sociaux, pour s’être connectés à des sites internet censurés, et pour possession ou partage de technologies de VPN qui sont interdites ».

En effet, depuis 2020, le centre d’information du Falun Dafa rapporte plusieurs cas de pratiquants qui ont été détenus ou condamnés à des peines de prison allant jusqu’à cinq ans pour avoir posté des messages sur WeChat ou après avoir été filmés dans un lieu public en train de parler à quelqu’un du Falun Gong. 

Caméras de surveillance Hikvision. Crédit photo Stefano Carnevalli, Dreamstime

Une enquête menée en décembre 2022 par la publication technologique IVPM a permis d’identifier un logiciel créé par la société chinoise Hikvision qui est utilisé comme “police intelligente” et qui comprend une alarme signalant spécifiquement les pratiquants de Falun Gong. Alors que le PCC améliore sa capacité de surveillance des activités en ligne et hors ligne, suivons de près les nouveaux incidents créés par la technologie de surveillance utilisée pour opprimer les droits des de Falun Gong (pouvant aller jusqu’à la détention et l’emprisonnement). Soyons également attentifs aux preuves de plus en plus flagrantes montrant que les forces de sécurité chinoises ciblent systématiquement les Falun Gong, ainsi qu’aux récentes innovations en matière de surveillance. Des enquêtes et des recherches complémentaires sont nécessaires pour documenter pleinement l’étendue de la surveillance qui vise les pratiquants de Falun Gong et ses conséquences.

3) Nouvelles sanctions internationales et emprisonnement de cadres du PCC impliqués dans la persécution du Falun Gong

Durant l’année 2022, plusieurs hauts fonctionnaires chinois impliqués dans la persécution des Falun Gong ont fait face à des sanctions de la part du gouvernement américain, à des purges internes du PCC, ou à la mort pour le cas de Jiang Zemin, le maître d’œuvre de la campagne anti Falun Gong. En 2023, d’autres hauts fonctionnaires pourraient faire l’objet de sanctions. Notamment, à ce jour, des sanctions liées aux violences contre le Falun Gong et émises par le Département d’État américain ont été imposées aux auteurs des violations des droits de l’Homme dans le Sichuan, Fujian et au Tibet mais pas encore dans les provinces du nord-est de la Chine, où la persécution a toujours été la plus intense et la plus mortelle. 

Ces dernières années, plusieurs hauts fonctionnaires chinois impliqués dans la persécution du Falun Gong ont été eux-mêmes purgés dans le cadre de luttes intestines au sein du PCC et d’accusations de corruption. Liu Yanping, ancien vice-ministre du ministère de la Sécurité publique, a été condamné à mort en janvier 2022. En septembre 2022, l’ex-dirigeant du Bureau 610 central Sun Lijun a été condamné à perpétuité. 

D’autres têtes pourraient tomber en 2023. En outre, il faudra suivre de près les infections au COVID-19 parmi les responsables du PCC chargés de la répression du Falun Gong et l’impact possible de leur incapacité sur la gravité de la persécution dans différents endroits. Dès le début du mois de janvier 2023, des hauts fonctionnaires chinois connus pour leur rôle dans la persécution du Falun Gong ont été testé positifs ou sont morts du COVID-19, dont Xie Shufan, ancien chef adjoint du département de propagande de la ville de Jinzhou (Province Liaoning) et Liu Ji, ancien vice-ministre de la Commission nationale des sports de Chine. 

4) Le sort du Falun Gong à Hong Kong

Hong Kong abrite une communauté active de pratiquants de Falun Gong. Contrairement à leurs homologues en Chine continentale, ces pratiquants peuvent pratiquer leur foi librement et publiquement depuis logntemps. Ils peuvent également installer des stands d’information et distribuer des flyers concernant cette pratique et la situation des droits de l’Homme en Chine, même si ces stands sont régulièrement et violemment attaqués par des militants pro-Pékin. 

Mme Liao Qiulanm, pratiquante de Falun Gong à Hong Kong, après avoir été agressée par deux hommes masqués le 24 septembre 2019. Mme Liao a subi de graves contusions et une entaille à la tête qui a saigné abondamment.  Après avoir été emmenée à l’hôpital, on a dû lui faire cinq points de suture pour fermer l’entaille de cinq centimètres sur la tête.

Depuis l’adoption de la loi restrictive de Sécurité Nationale en 2020, les Falun Gong locaux et leurs sympathisants sont inquiets car les droits de ces pratiquants pourraient être réduits. Ils pourraient par ailleurs être bannis et violemment persécutés comme en Chine continentale. En effet, certains hauts fonctionnaires pro-Pékin ont déjà lancé des appels publics pour interdire le Falun Gong et les autorités ont déjà au moins une fois mis des pratiquants à l’amende lors d’un incident en 2021.

Cependant, dans la plupart des cas, même si les militants politiques, les journalistes et les autres personnes qui critiquent le PCC à Hong Kong font l’objet de détentions, de poursuites et d’autres représailles, les pratiquants de Falun Gong peuvent poursuivre leur pratique de façon restreinte. De plus, en 2022, il y a eu au moins trois affaires à des niveaux inférieurs de l’appareil judiciaire dans lesquelles les tribunaux ont sanctionné des attaques contre des pratiquants de Falun Gong ou des stands d’information, et ont globalement confirmé des droits fondamentaux tels que la liberté d’expression et l’affichage d’une bannière de Falun Gong en public.

Alors que les protections plus larges des droits civils, y compris la liberté d’expression et la liberté de religion, se détériorent à Hong Kong, la situation de la communauté locale des Falun Gong reste précaire et devra être suivie de près par la communauté internationale en 2023. 

5) La persécution transnationale des pratiquants de Falun Gong et de leurs sympathisants 

Depuis 1999, la persécution du Falun Gong par le PCC n’est que rarement restée à l’intérieur de la Chine. Les réfugiés et les pratiquants du monde entier sont confrontés à la surveillance, au harcèlement et même à des agressions physiques de la part de diplomates chinois, de services de sécurité et de diverses entités mandataires, notamment dans les quartiers chinois et sur les campus universitaires. Selon un rapport publié en janvier 2021 par Freedom House, le régime chinois se livre à la campagne de répression transnationale la plus sophistiquée, la plus globale et la plus complète au monde, et que parmi ses cibles y figurent les pratiquants de Falun Gong. Des discours officiels du PCC ayant fait l’objet de fuites au cours de la dernière décennie font référence à la nécessité de traiter les pays où se trouvent des communautés actives de Falun Gong, comme les États-Unis, “comme le principal champ de bataille”.

Pendant ces deux dernières années, cette campagne s’est poursuivie avec l’apparition de nouveaux incidents et de nouvelles tactiques. En outre, parmi les divers changements de personnel intervenus lors du 20ème Congrès du Parti, Chen Wenqing, un responsable du PCC, s’est vu confier l’autorité sur l’appareil de sécurité et la puissante Commission des Affaires Politiques et Juridiques du Parti. Le poste précédent de Chen était au ministère de la Sécurité d’État, une agence concentrée sur les affaires étrangères, notamment les campagnes de répression transnationales. Avec Chen à la tête de l’appareil de sécurité, un investissement encore plus important dans la répression transnationale des ‘’ennemis du PCC’’, dont fait partie le Falun Gong, pourrait voir le jour. 

Outre les nouvelles agressions physiques potentielles, suivons de près les diverses formes d’influence du PCC qui visent à s’immiscer dans les activités de la diaspora ou à entraver le soutien officiel aux droits de l’homme en Chine et à d’autres causes désapprouvées par le PCC. Il peut s’agir de pressions diplomatiques actives, telles que des lettres ou des visites d’ambassades ou de consulats à des fonctionnaires locaux, dans le but d’empêcher le soutien du public aux victimes (pratiquants de Falun Gong) ou la participation à des événements organisés par ces pratiquants.

Infographie: La structure du Bureau 610 avant sa restructuration en Bureau Quatre de la Commission Centrale aux Affaires Politiques et Juridiques et du Ministère de la Sécurité publique, où la campagne de répression continue d’être une priorité dans le programme du PCC.

Soyons également attentifs aux tactiques cachées pout diffamer le Falun Gong en dehors de la Chine, ainsi que l’indiquent les documents du PCC ayant fait l’objet d’une fuite, comme par exemple des tentatives de diabolisation du Falun Gong au travers des médias locaux ou bien encourager des leaders d’opinion étrangers et des médias de faire écho aux récits anti-Falun Gong du Parti. Cette nouvelle stratégie visant à masquer les opinions du PCC en Occident, enregistrée dans de nombreux rapports au cours de la dernière décennie, est extrêmement préjudiciable, car elle permet d’utiliser les institutions occidentales, les réseaux de médias et les personnes influentes en matière de politique pour diffuser des opinions anti Falun Gong en dehors des frontières chinoises. 

Parallèlement, à mesure que les gouvernements démocratiques prennent conscience de ces menaces et des activités liées à la répression et à la persécution transnationales, suivons de près l’adoption de nouvelles mesures pour protéger les pratiquants de Falun Gong, les sanctions contre les agents du PCC impliqués dans des actes de répression transnationale, voire les poursuites contre ces agents actifs dans des pays démocratiques tels que les États-Unis. 

Voir le rapport complet en PDF (document en anglaise)