Les JO 2022- Enjeux sportifs ou diplomatiques ?

A l’approche des Jeux Olympiques d’hiver prévus à Pékin en février 2022, les regards semblent davantage se tourner sur les tensions politiques et humanitaires que sur les préparatifs de l’événement planétaire. A l’instar de Berlin en 1936, dont les JO avaient été boycottés par de nombreux pays, Pékin ne veut pas être la cible de représailles de la part de partenaires qu’il juge sans doute stratégiquement utiles.

Déjà en 1936…

Le magazine Historia nous rappelle qu’en 1936, en Allemagne, à la veille de la seconde guerre mondiale « les panneaux explicites sur les credo raciaux sont retirés des rues. Ces artifices ne trompent personne : la doctrine d’aryanisation est en marche depuis trop longtemps. Par exemple, dès 1933, le champion de boxe amateur Erich Seelig est exclu par la fédération allemande, simplement parce qu’il est juif : dépouillé de tous ses titres, on l’empêche aussi de monter sur le ring. » Comme les Jeux Olympiques représentent un enjeu politique et diplomatique essentiel, à quelque époque ou lieu que ce soit, la “vitrine” ne doit en aucun cas être salie.

Si un boycott s’est produit en 1936 à Berlin, on peut aisément imaginer que l’organisation des JO de 2022 à Pékin va attiser un même vent de révolte. En effet, le régime communiste ne montre pas un grand respect de ses propres citoyens : arrestations arbitraires, emprisonnements, jugements à la hâte, lavage de cerveau, tortures, exécutions sommaires visant toutes les personnes jugées “anti Chine”, à savoir les Tibétains, les Ouighours, les Chrétiens – qui ne reconnaissent pas la tutelle de Pékin – et surtout les Falun Gong qui sont présents dans toute la Chine et ne réclament pourtant ni indépendance ni pouvoir politique. Tout est mis en place pour intimider et soumettre tout un peuple sans considération aucune pour son bien-être ou ses convictions strictement personnelles. Or, malgré la propagande agressive et bien organisée de la dictature chinoise, le vernis semble craquer par endroits et la vérité quant aux diverses maltraitances infligées à tout un peuple est chaque jour un peu plus dévoilée.

…Puis, en 2008

Déjà en 2008, à l’occasion des J.O. d’été à Pékin, de nombreuses voix s’étaient élevées pour dénoncer les violations des droits de l’homme faites en Chine à l’encontre, notamment, des Falun Gong. L’Ecole de Politique Appliquée de l’Université de Sherbrooke au Canada publie un article dans lequel elle dénonce l’ «  Erreur Majeure » faite  par le CIO d’organiser les JO de 2008 en Chine, car « le travail des enfants ainsi que la répression contre certains mouvements religieux, comme le Falun Gong, sont également au nombre des violations aux droits de l’homme dont la Chine est coupable ».  À la même époque, le Figaro relaie un appel au boycott de ces « festivités » alors que la population chinoise vit dans son ensemble, dans une grande pauvreté. Une des raisons invoquées par le journal est que “ le gouvernement chinois tente de briser tout ce que la Chine compte de dissidents, d’opposants, d’insoumis, d’intellectuels critiques et de syndicats libres. Il pratique les détentions administratives et abusives, recourt à la torture et à la peine de mort. »

Et aujourd’hui ?

Aujourd’hui, la liste des violations s’allonge et Pékin n’a aucunement tenu compte des demandes faites par les grandes démocraties et n’a pas non plus tenu ses engagements en matière de respect des droits de l’Homme.

Ces dernières semaines plusieurs évènements ont à nouveau soulevé le problème de la conduite pour le moins non éthique des gouvernants chinois à l’encontre de la population dans son ensemble. La joueuse de tennis Peng Shuai qui disparaît soudainement et dont même le nom a été retiré des moteurs de recherche des sites internet chinois a fait réagir la communauté sportive internationale dans son ensemble. 

Alors que jusqu’à présent les Etats boycottant ce genre d’événement envoyaient une délégation sportive mais pas de délégation officielle (et ce afin de ne pas pénaliser les sportifs qui se sont entraînés dur et pendant longtemps), il semblerait que le vent soit en train de tourner et que certains sportifs commencent à manifester clairement leur désaccord vis-à vis du choix du CIO d’organiser les JO d’hiver à Pékin. La star de la NBA Enes Kanter s’est engagée de façon décisive pour exhorter le gouvernement chinois à respecter les droits humains, notamment en portant de façon ostensible des baskets portant les mots de “Génocide- Torture- Viol- travaux forcés”. 

Il est toutefois à déplorer qu’aucun comité olympique ne se manifeste ouvertement pour sinon boycotter du moins demander des comptes à Pékin. Pourtant, dès 2008 beaucoup de questions avaient été soulevées et des violations des droits de l’homme avaient été dénoncées. Entre autres choses il s’est avéré que Liu Qi, en charge de l’organisation des JO cette année-là, avait été reconnu coupable en 2004 (par une cour de justice américaine) de l’emprisonnement et la torture de pratiquants de Falun Gong, ainsi que d’agression sexuelle sur une ressortissante française – Hélène Tong, qui se trouve être la présidente de Faluninfo France. Comment une telle personne a-t-elle pu être responsable de l’organisation de ces jeux qui prônent avant tout “l’esprit sportif” et la fraternité ? De plus, les pratiquants de Falun Gong, qu’ils soient sportifs, spectateurs ou journalistes, se sont vu interdire l’accès aux JO de 2008. Pourquoi en serait-il autrement en 2022 ? Si aucune mesure de rétorsion n’a été prise en 2008 pourquoi Pékin se montrerait-il soudain plus magnanime ?

Si le président américain Joe Biden a affirmé envisager un boycott diplomatique des JO, le comité olympique américain est, quant à lui, nettement plus frileux et ne tient pas à se retirer de la compétition. Quant aux autres Etats participants aux JO, certains se prononcent également en faveur d’un éventuel boycott, mais beaucoup restent toutefois silencieux. Il est à souhaiter que d’autres pays leur emboîtent le pas et qu’ainsi Xi Jinping et son gouvernement se voient obligés d’adopter une attitude respectueuse envers leurs propres concitoyens. 

Si les Falun Gong n’ont pas appelé au boycott des JO en 2008, la raison en est qu’une sortie de crise humanitaire de ce type est toujours possible pour le dictateur, même si aucun pas n’a semble-il été fait dans ce sens. De plus, si les Falun Gong sont la cible principale des violations des droits de l’homme en Chine, il ne faut toutefois pas oublier que l’Etat ment à tous ses citoyens qui deviennent de facto eux aussi victimes du régime communiste. Si les nations concernées par les Jeux Olympiques exigeaient de façon ferme un arrêt définitif de ces violations comme condition sine qua non de la tenue des jeux à Pékin, leurs gouvernants cesseraient par là même d’être, dans une certaine mesure, complices du régime de Pékin. 

Le compte à rebours étant lancé, nous lançons un appel aux pays concernés afin de se positionner clairement vis-à-vis de la dictature communiste chinoise.