Propagande, Mensonge et Diffamation : quand le « quatrième pouvoir » est foulé au pied par la dictature

Beaucoup de gens se demandent pourquoi si peu de médias relayent les informations à propos des Falun Gong et de leurs terribles conditions de vie en Chine. Ils finissent souvent par se dire que ce doit être un groupe un peu à la marge, puisque presque aucun média dans le monde n’en parle. Un rapport publié le 20 septembre dernier par l’Institut de recherche stratégique de l’École militaire (IRSEM) apporte des éléments de réponse.

Dans ce rapport intitulé “Les opérations d’influence chinoises : un moment machiavélien”, les auteurs démontrent que des opérations de désinformation tous azimuts sont menées par Pékin non seulement dans les médias chinois mais également dans les médias internationaux, entravant ainsi la diffusion d’information non « filtrée » par la machine de propagande du PCC.

La propagande en Chine, comment ça marche ?

Si, dans des pays tels que la France, nous avons des ministères du travail, de l’économie ou de la justice, la Chine, elle, assume entièrement un « département de la propagande » au sein même de l’Etat-Parti. Le rapport de l’Irsem nous dit que ce département « contrôle tout le spectre des médias et toute la production culturelle du pays ». En d’autres termes, tout est aux mains du PCC, l’Etat-Parti. 

L’objectif est avant tout de contrôler toute l’information, à tous les niveaux et à tout prix. Pourquoi ? Pour les auteurs du rapport de l’Irsem, c’est afin « d’empêcher tout discours négatif sur le PCC, en prévenant et contrôlant tout discours sur les « cinq poisons » (Ouïghours, Tibétains, Falun Gong, « militants pro-démocratie », « indépendantistes taïwanais »), et plus généralement toute critique du Parti et, d’autre part, de produire un discours positif, sur la prospérité, la puissance, l’émergence pacifique de la Chine. » 

En voyant le terme de « cinq poisons » ou celui d’ « émergence pacifique », comment, en tant que citoyens d’un pays libre, ne pas avoir les sangs retournés ? Comment un Etat peut-il mépriser son peuple tout entier au point de lui imposer ce genre d’idéologie ? Comment un peuple peut-il accepter de se soumettre de la sorte ? La réponse à cette dernière question est sans doute assez simple : le recours à la violence et à la répression systématique de tout ce qui, d’après le PCC est considéré comme étant « anti-Chine ». En fait, il s’agit de mettre en application les principes mêmes du communisme, à savoir, une idéologie de lutte, dans laquelle une partie des citoyens « lutte » contre l’autre partie. Il s’agit tout bonnement de « diviser pour mieux régner ». 

Exportation de la machine de propagande dans le monde entier

Non content de manipuler les médias internes au pays, le PCC a établi une véritable stratégie de propagande dans le monde entier, dans le but sans doute de répandre cette idéologie de « lutte », permettant de dresser une partie du monde contre une autre afin d’avoir les coudées franches pour imposer la version des faits relatés par le PCC de façon mondiale. 

Un tribunal indépendant, le China Tribunal, a été constitué en Angleterre au cours de l’année 2019, afin d’établir la vérité à propos des prélèvements forcés d’organes que le gouvernement chinois pratique sur ses prisonniers de conscience (et principalement sur les Falun Gong) à une échelle qu’on peut qualifier d’ « industrielle ». Les conclusions de ce tribunal sont sans appel : « les gouvernements et tous ceux qui interagissent de manière substantielle avec la RPC, y compris : les médecins et les institutions médicales ; l’industrie et les entreprises, plus particulièrement les compagnies aériennes, les agences de voyage, les entreprises de services financiers, les cabinets d’avocats et les compagnies pharmaceutiques et d’assurance ainsi que les touristes individuels, les établissements scolaires ou universitaires; les organismes artistiques devraient maintenant reconnaître qu’ils interagissent, dans la mesure révélée ci-dessus, avec un État criminel. »

Que peut-on attendre en matière d’information de la part d’un Etat criminel ?

Il s’agit bien de « Contrôler les récits sur la Chine », nous dit le rapport de l’Irsem, qui va plus loin en expliquant que le PCC a pour but « de faire en sorte que, dans le monde entier et dans toutes les langues, la manière dont les médias, journalistes, éditorialistes, chercheurs, enseignants, etc., rendent compte de la Chine, soit conforme aux intérêts du Parti, en particulier sur les sujets les plus sensibles tels que les « cinq poisons » (Ouïghours, Tibétains, Falun Gong, militants pro-démocraties, indépendantistes taïwanais). Ce dessein de contrôle des discours sur la Chine conduit le Parti à déployer ses charmes en direction de relais d’opinion clés (chercheurs, journalistes, hommes d’affaires, politiques, influenceurs des médias sociaux). Cette stratégie prend le plus souvent la forme de voyages d’agrément aux frais du Parti au cours desquels les dirigeants chinois déploient tous leurs atours. »

En d’autres termes, la corruption généralisée au sein du PCC est, elle aussi, exportée pour faire entendre un discours diffamant le Falun Gong ainsi que les autres forces  «  anti-Chine ».

Cette corruption s’accompagne d’une « propagande importante en direction des gouvernements étrangers, des élus, médias, universités, etc., afin de les convaincre de la légitimité des actions chinoises et du caractère nocif du Falun Gong. »

En taxant notamment le Falun Gong de « secte », le PCC est certain d’avoir une oreille favorable auprès de nombreux gouvernements qui préfèrent ne pas remettre en cause la parole d’un « partenaire » économique important.

Plus loin, le rapport nous dit également que « les autorités chinoises tentent aussi de réduire les capacités de diffusion des médias créés par le Falun Gong tel que New Tang Dynasty Television – qui porte le nom aujourd’hui de NTD– et financent la diffusion d’émissions de radio et de télévision anti-Falun Gong. »

De même, le rapport souligne les effets délétères de « l’armée des 50 centimes » (des internautes dont la mission est de « troller » tout post relatif au Falun Gong, contre une maigre rémunération.) On estime à plus de 500 millions le nombre de posts de ce genre dans le monde. En effet, « sur la scène internationale, les trolls sont beaucoup plus agressifs [que sur les réseaux sociaux en Chine]. Ils défendent, attaquent, entretiennent des polémiques, insultent, harcèlent. En mars 2019, de nombreux utilisateurs de Reddit ont estimé que des trolls soutenus par le gouvernement chinois étaient engagés « dans un effort coordonné pour diffuser de la propagande et enterrer les messages anti-chinois sur Reddit ».

Le fait que ces trolls soient si nombreux, apparemment coordonnés, et répètent tous les mêmes éléments de langage (« mentionnez Falun Gong et c’est incroyable, ils sortent tous du bois et disent tous la même chose », remarque un utilisateur), semble toutefois indiquer un certain degré d’organisation. »

Force est de constater que le PCC utilise la propagande de façon systématique et mondialisée. Comment faire la part des choses, lorsqu’on est simple citoyen ? C’est sans doute sur cette position instable dans laquelle chacun se trouve lorsqu’il est à la recherche d’information fiable, que le PCC et sa machine de propagande jouent. Comme le disait Francis Bacon, philosophe du XVIIème siècle :« Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose ». 

Qui croire, au final ?

Exemples de l’ingérence du PCC sur les médias étrangers sinophones et non sinophones

Le rapport de l’Irsem cite plusieurs exemples de médias qui ont été payés pour diffuser une information favorable au discours du PCC : « Par exemple, en avril 2020, un intermédiaire propose 20 000 pesos (environ 200 euros) aux rédacteurs en chef de plusieurs journaux argentins – dont El Cronista Comercial, Diario Popular et la plateforme en ligne Infobae (qui aurait demandé un prix plus élevé, qui n’a pas été accepté) – pour publier un article anti-Falun Gong « écrit dans un mauvais espagnol » et qui contient de nombreuses fausses informations sur cette pratique dans le but de la discréditer dans l’opinion argentine. »

Autre exemple : « en mai 2019, Le Youtubeur canadien J.J. McCullough (250 000 abonnés), qui n’est pas particulièrement pro-chinois (au contraire, même), a reçu un courriel d’un certain « Franco » lui proposant 500 dollars (puis 1 350) pour diffuser une vidéo anti-Falun Gong – une offre que non seulement il a refusée mais à laquelle il a consacré une vidéo intitulée « Chinese propaganda and me. »

Pire encore, « En 2001, l’hebdomadaire Les Presses chinoises, basé dans le Chinatown de Montréal, diffuse une série de pamphlets anti-Falun Gong accusant ses adeptes de bestialité, de vampirisme et d’être poussés au suicide, en dépit d’une ordonnance de la cour lui enjoignant de cesser de le faire. Le journal récidive en 2006 avec une édition spéciale tirée à 100 000 exemplaires. Un « défecteur » chinois, chargé précisément de la persécution des adeptes du Falun Gong, estime probable qu’une opération de cette ampleur « ait été financée par Pékin ».

Comment ne pas douter, ou du moins être troublé par de telles déclarations ? Partant du principe que les Chinois sont sans doute les mieux placés pour parler d’eux-mêmes, le lecteur lambda est facilement pris au piège de ces allégations mensongères et calomnieuses.

De plus, « la quasi-totalité des médias sinophones au Canada sont contrôlés par le PCC : tout ce qui reste aux Canadiens sinophones qui veulent lire des informations non influencées par le PCC sont les médias du Falun Gong (le journal The Epoch Times et la chaîne de télévision New Tang Dynasty (NTDTV). Ces deux médias sont eux-mêmes la cible de restrictions venant non seulement des autorités chinoises (qui ont annulé les visas initialement accordés à leurs journalistes pour couvrir le voyage du PM Paul Martin en Chine en 2005, par exemple), mais aussi parfois des autorités canadiennes elles-mêmes, par crainte de déplaire à Pékin (lorsque le président Hu Jintao est à son tour venu à Ottawa en 2005, The Epoch Times et NTDTV n’ont pas eu accès aux événements ; idem lors d’une seconde visite en 2010) ».

En d’autres termes, les seuls médias qui osent défier la dictature médiatique exportée sont ceux dirigés par des Falun Gong et ce, malgré les risques encourus. 

Les Falun Gong sont, rappelons-le, violemment persécutés depuis une décision de Jiang Zemin (ex dirigeant de la Chine) en 1999. En voyant ce qu’un dirigeant peut parvenir à infliger à son peuple tout entier, on ne peut que regretter que nos médias mainstream internationaux ne soient pas plus émus de cette situation et que les gouvernements des pays démocratiques prônant le respect des droits de l’homme ne se positionnent pas plus clairement face à un « partenaire » qui n’hésite pas à décider de ce que les médias internationaux doivent écrire sur la Chine, notamment au sujet des Falun Gong. Comment l’information juste peut-elle être diffusée si les médias mainstream jouent le jeu du PCC ?

Pékin a, sans nul doute, l’intention de s’approprier le « quatrième pouvoir » non seulement en Chine mais à l’étranger

Ce rapport apporte, à n’en pas douter, des informations précieuses et fouillées de la part d’un organisme de recherche non partisan. Il est à souhaiter que nos gouvernements soient ainsi sensibilisés au rôle inacceptable que le PCC veut jouer sur la scène médiatique internationale. En tout état de cause, le silence des médias chinois et internationaux sur les horreurs infligées à de nombreux citoyens chinois n’est pas dû à la place marginale de ces citoyens, mais bien à un désir clair et assumé de la part de Pékin d’imposer sa version des faits afin de manipuler non seulement son propre peuple mais également les citoyens du monde qui veulent, en toute légitimité, obtenir des informations fiables et vérifiées sur ce qui se passe en Chine et dans le monde.

Que les auteurs de ce rapport soient remerciés pour le sérieux de leurs recherches qui montrent bien que les médias des Falun Gong précités (The Epoch Times et NTD TV- pour mémoire, les seuls médias à donner une information fiable sur ce qui se passe en Chine) ont le soutien d’organismes tels que L’Institut de Recherche Stratégique de l’Ecole Militaire, dans leur démarche de transmission d’une information juste et vérifiée.