Les Mensonges du régime chinois : un "culte maléfique"

Les Mensonges du régime chinois : Un « Culte Maléfique » ?

Le Falun Gong n'a pas été « interdit par le gouvernement chinois en tant que secte perverse » le 22 juillet 1999, comme l'écrivent négligemment de nombreux journaux. Ce n'est qu'en octobre de cette année-là qu'il a été désigné par ce terme.

Points clés

  • Tout au long des années 1990, les hauts fonctionnaires du gouvernement chinois ont loué le Falun Gong pour ses bienfaits pour la santé et le bien-être.
  • Parce qu’il est devenu si répandu et indépendant, le chef communiste chinois a ordonné l’élimination du Falun Gong.
  • Quelques mois après le début de la persécution, les dirigeants chinois ont commencé à qualifier le Falun Gong de « secte » pour justifier la campagne et dissuader les critiques.
  • Les universitaires et les groupes de défense des droits de l’homme en Occident qualifient l’étiquette de “secte” d’outil politique et de “fausse étiquette” visant à alimenter la persécution.


Tout au long du début et du milieu des années 1990, le Falun Gong, ses pratiquants et son fondateur Monsieur Li Hongzhi ont bénéficié d’un soutien substantiel de la part du gouvernement, ainsi que d’une couverture positive dans les médias d’État. Certains rapports des médias d’État de cette période louent les bienfaits pour la santé de la pratique du Falun Gong et montrent des pratiquants recevant des « récompenses de citoyens en bonne santé ». A l’occasion d’un événement qui serait inimaginable aujourd’hui, Monsieur Li a donné une conférence à l’ambassade de Chine à Paris en 1995, à l’invitation du gouvernement.

Freedom House, « La bataille pour l’esprit de la Chine » (2017)

(Lire le rapport de Freedom House ici )


Le Falun Gong n’a pas été « interdit par le gouvernement chinois en tant que secte perverse » le 22 juillet 1999, comme l’écrivent négligemment de nombreux journaux. Ce n’est qu’en octobre de cette année-là qu’il a été désigné par ce terme.

Lorsque ce terme a été appliqué, il n’était pas le résultat d’une analyse mesurée, le résultat d’enquêtes ou d’un débat théologique. Il n’a pas été établi par des spécialistes de la religion, ni par des sociologues, ni par des psychologues. Ce n’était pas non plus un consensus du gouvernement.

Il s’agissait plutôt d’une action politique, conçue par un individu identifiable. Cette personne était Jiang Zemin, alors chef du parti communiste chinois. Selon un rapport du 9 novembre 1999 du Washington Post, « C’est M. Jiang qui a ordonné que le Falun Gong soit qualifié de « secte », puis a exigé qu’une loi soit adoptée interdisant les sectes. »

Cette étiquette est apparue à un moment où la croisade naissante anti-Falun Gong du Parti s’était transformée en un désordre de relations publiques. Non seulement le Falun Gong tenait tête au régime, mais les moyens violents utilisés contre lui – tels que la torture et les démonstrations publiques de brutalité policière – avaient fait pencher la balance de l’opinion publique en faveur du Falun Gong. Le public chinois était de plus en plus sensible à la détresse du groupe, alors même que la propagande du Parti ne cessait de s’intensifier. Pendant ce temps, la critique internationale enflait.

Il fallait faire quelque chose pour que la campagne ne devienne pas un échec embarrassant et coûteux. La légitimité de son règne était remise en question – à juste titre – par certains. Jiang avait désespérément besoin de freiner la vague de soutien aux méditants pacifistes.

Le groupe [Falun Gong] ne correspondait pas à la définition courante d’une secte : ses membres se marient en dehors du groupe, ont des amis extérieurs au groupe, occupent des emplois normaux, ne vivent pas isolés de la société, ne croient pas que la fin du monde est imminente et ne donnent  pas d’importantes sommes d’argent à l’organisation. Plus important encore, le suicide n’est pas accepté, pas plus que la violence physique… [Le Falun Gong] est au fond une discipline apolitique, tournée  vers l’intérieur, une discipline visant à se purifier spirituellement et à améliorer sa santé.

– Ian Johnson, The New York Times (anciennement du Wall Street Journal ), qui a remporté le prix Pulitzer pour son reportage sur le Falun Gong .

La décision de qualifier le Falun Gong de «secte pervers» était donc pour Jiang, comme la persécution elle-même, intéressée.

Selon le Post, «La répression a été entreprise pour démontrer et solidifier le pouvoir des dirigeants chinois… Des sources du Parti communiste ont déclaré que le comité permanent du Politburo n’avait pas approuvé à l’unanimité la répression et que le président Jiang Zemin avait décidé seul que le Falun Gong devait être éliminé.”

Citant un responsable du Parti, la même histoire notait que «Jiang en avait fait une affaire personnelle.»

Qu’est-ce que Jiang espérait donc alors réaliser avec cette étiquette?

Premièrement, celle-ci visait à saper la sympathie du public pour le Falun Gong pris au piège, transformant l’empathie en suspicion. Deuxièmement, elle détournerait l’attention du public sur des actes illégaux de l’État-Parti au profit de la victime, remettant ainsi en question son intégrité. Troisièmement, elle servirait à déshumaniser le Falun Gong, ouvrant la voie à des violations plus drastiques des droits; en effet, la torture et la violence ont considérablement augmenté dans les années suivantes. Quatrièmement, elle dépeindrait les personnes pratiquant le Falun Gong comme les «victimes» d’un chef de secte, des victimes que l’État bienveillant pourrait alors «sauver» et «réhabiliter».

Mais ce terme avait aussi un autre objectif, plus distant. Un objectif qui allait se manifester à l’étranger, au-delà des frontières chinoises. Plus précisément, il était destiné à trouver un écho en Occident afin de disculper le régime chinois de ses crimes contre l’humanité.

Selon un rapport du 14 février 2001 publié dans l’édition asiatique du Wall Street Journal, le parti communiste chinois a «adopté avec enthousiasme le langage et les arguments du mouvement anti-secte occidental dans sa propagande contre le Falun Dafa… La Chine s’est attachée au mouvement anti-secte pour justifier sa répression. »

Toute la question de la prétendue nature sectaire du Falun Gong n’était qu’un prétexte pour brouiller les pistes depuis le début, intelligemment exploité par l’État chinois pour émousser l’attrait pour le Falun Gong et l’efficacité des activités du groupe en dehors de la Chine. 

– David Ownby, directeur du Centre d’études sur l’Asie de l’Est à l’Université de Montréal

Une autre preuve de ce fait est le terme traduit lui-même, «secte» ou «secte perverse», qui est une traduction manipulée du chinois. Comme le note Amnesty International, le terme chinois «xiejiao» est peut-être plus exactement traduit par «organisation hérétique» ou « religion hérétique ». Selon au moins une source, l’étiquette de secte a été élaborée avec l’aide d’une société de relations publiques occidentale. En d’autres termes, cette étiquette a été conçue pour exploiter les craintes suscitées par les sectes en occident, où le Falun Gong et d’autres formes de qigong étaient encore largement méconnus et auraient pu être dépeints comme néfastes.

Enfin, il convient de noter que les spécialistes occidentaux des religions, comme David Ownby,  qui ont étudié le Falun Gong en profondeur, ont noté que le Falun Gong ne partage pas les caractéristiques d’une secte. Il n’implique pas le culte d’un leader, ne fait pas payer de droits; il n’isole pas non plus les pratiquants de la société, n’intervient pas dans leur vie personnelle ni n’encourage aucun comportement qui pourrait être interprété comme illégal ou dangereux. Ces spécialistes l’ont plutôt reconnu comme un nouveau mouvement religieux.

De même, un large éventail d’acteurs internationaux – y compris des rapporteurs spéciaux des Nations Unies, des groupes réputés de défense des droits de l’homme et des gouvernements démocratiques – ont à plusieurs reprises qualifié la campagne contre le Falun Gong de persécution religieuse injustifiée plutôt que de politique gouvernementale légitime visant à débarrasser la société d’une influence soit disant négative.  

L’empressement des dirigeants communistes chinois à qualifier un groupe de méditation pacifiste, ouvert et bienveillant de «secte perverse» témoigne peut-être de la mauvaise conscience de ce Parti.

Cette possibilité a été dûment notée par le magazine Time qui, en juin 2001, a fait le commentaire suivant :«Ils [les Falun Gong] ne sont pas des meurtriers; entre-temps, au cours de ses 51 années à la tête de la Chine, le Parti communiste a été responsable de la mort de dizaines de millions de citoyens innocents, y compris ses propres partisans. Peut-être la secte perverse est-elle le propre parti de Jiang. »

Liste complète des idées fausses »