Ensemble, combattons les tortures et la barbarie

J’ai subi 20 tortures* en Chine pendant mes 7 années de détention arbitraire 1999 - 2006

Je m’appelle Jinhua Yang, je suis née en 1973 dans le Nord-Est de la Chine, dans la province du Shandong, le berceau de la culture chinoise où a vécu Confucius, il y a plus de 2500 ans.

J’ai grandi dans une famille très pauvre. Mon père était gravement malade et ne pouvait pas subvenir aux besoins de la famille.

Quand j’avais 5 ans, à la sortie de l’école, j’emmenais le bétail de la ferme familiale (mouton, cochon) brouter sur la montagne à côté de la maison. Après avoir nourri le bétail, je rentrais aider ma mère à faire le ménage. Sans électricité et sans eau courante, l’hiver je souffrais du froid. Je ne mangeais pas toujours à ma faim. Je n’avais pas le temps de jouer et de faire mes devoirs.

Les premiers emplois que j’ai décrochés étaient cuisinière et ouvrière, cela me permettait de soutenir ma famille. Les conditions de travail à l’usine étaient difficiles et m’ont causé beaucoup de problèmes de santé. J’avais très mal au dos.

Je n’avais pas eu d’enfance et au moment d’entrer dans l’âge adulte, j’étais déjà fatiguée et malade, sans loisirs, avec peu de temps pour moi.

À l’automne 1998, une collègue m’a parlé d’une méthode de Qigong (méditation chinoise, exercices de santé), appelée Falun Dafa (ou Falun Gong), ça m’a donné envie d’essayer tout de suite parce que cette collègue avait beaucoup changé en s’améliorant depuis qu’elle la pratiquait.

Depuis que j’ai commencé la pratique du Falun Gong, ma vie s’est transformée : Mon mal de dos a disparu et ma vision du monde a changé. J’ai pu apprendre à lire et à me concentrer alors que j’étais illettrée. J’ai commencé à m’ouvrir et à parler aux autres alors que j’étais introvertie et timide. J’étais enfin heureuse.

Mais le soir du 19 juillet 1999, ma vie a basculé, comme celle de plusieurs dizaines de millions de personnes en Chine. Une amie m’a dit que je ne pourrais plus aller pratiquer les exercices du Falun Gong au parc. Si je le faisais, je risquais la prison. On était bombardé : à la télévision, la radio et dans les journaux, c’était un matraquage de fausses informations sur le Falun Gong, en boucle, toute la journée. Le ciel s’est assombri du jour au lendemain. Les pressions de toutes parts, la peur, les insultes, les menaces. Mais comment pouvais-je savoir à ce moment-là que ce n’était que le début du cauchemar.

Après avoir parlé de cette situation à mes amis pratiquants, j’ai décidé d’aller faire appel à Pékin, c’était en juillet 1999, au tout début de la persécution du Falun Gong.

Dans la capitale, j’ai été arrêtée, renvoyée dans ma province où les autorités m’ont placée en détention arbitraire, sans aucun jugement ni autre forme de procédure légale.

C’était le début d’un calvaire qui a duré 7 ans, c’était l’enfer sur terre : quand je n’étais pas en détention, torturée, j’étais assignée à résidence, étroitement surveillée et subissais aussi la pression de mes proches que la police avait rendu complices. Ma mère m’a chassée de la maison, par peur des pressions policières. Quand je passais à la maison familiale pour prendre des affaires, et que je faisais des exercices de méditation, ma mère me pinçait violemment pour me dissuader.  Jusque dans ma famille, je n’avais plus de liberté de croyance.

Ma famille a également subi de grosses pressions. Par exemple, ma nièce n’a pas eu le droit de faire des études parce que je pratique le Falun Gong. L’histoire se répète en Chine : quelques décennies auparavant, sous la révolution culturelle, ma mère n’avait pas eu le droit de faire des études parce que son frère (l’oncle que je n’ai jamais connu) était allé vivre à Taiwan.

Seule, sans famille, sans avocat pour me défendre, j’ai vécu une partie de ces 7 ans de persécutions en fuite, sans abri, dans la peur d’être découverte ou dénoncée à la police. Le reste du temps, je l’ai passé en détention, torturée et soumise à de mauvais traitements.

Jinhua Yang en méditation à Paris Place du Trocadéro

J’ai fait le calcul. En me basant sur la définition de la torture par les Nations Unies, de la privation de sommeil à l’électrocution en passant par le gavage forcé et l’injection de drogues psychotropes, j’ai subi 20 formes de tortures différentes.

Un jour j’ai pensé que c’était la fin. Ce soir-là, le policier qui m’avait déjà torturée m’a menottée. Puis, avec une bande de tissu m’a attachée par la taille au dossier d’une chaise et avec une autre bande de tissu il m’a attaché les jambes à un banc. Il a ensuite enroulé des fils électriques autour de chacun de mes 10 doigts et 10 orteils. Il a branché l’appareil pour faire passer le courant et m’électrocuter. Je me suis dit : Il ne faut pas que je meure, je dois survivre. La souffrance était à la fois corporelle et psychologique, très dure à supporter et tellement difficile à décrire. Je n’arrivais plus à respirer. Cela a duré une dizaine de minutes et s’est répété à 3 reprises. Je ne sais pas comment j’ai fait pour survivre à ça.

Pourriez-vous me croire si je vous dis qu’encore pire que cela, ça existe ?

Hé bien croyez-moi, j’ai échappé à pire encore. Et je ne l’ai appris que récemment.

Après mon arrivée en France, en lisant des informations sur Internet, j’ai découvert que le régime chinois emploie des chirurgiens pour prélever des organes à des pratiquants de Falun Gong alors qu’ils sont encore vivants. En lisant tout cela, je me suis rappelée la fois où j’ai été emmenée dans un endroit secret pour une prise de sang. On m’a d’ailleurs prélevé tellement de sang que mon corps était très affaibli. Et c’est seulement après avoir quitté la Chine que je me suis rendue compte que j’étais enregistrée dans la base de données du Parti Communiste Chinois (PCC) pour les prélèvements forcés d’organes.

Par chance et en prenant d’énormes risques, j’ai réussi à m’enfuir de Chine. C’est en France que j’ai pu obtenir le statut de réfugiée. Maintenant libre, je ne pense plus qu’à une seule chose : saisir toutes les occasions pour pouvoir raconter ce que j’ai vécu en Chine, le faire savoir à un maximum de gens. Tous les jours, je pense très fort à tous ceux qui sont encore dans l’enfer que j’ai vécu.

Grâce à vous et à votre soutien, la communauté internationale reconnaît de plus en plus cette persécution et certaines voix s’élèvent déjà contre ces pratiques inhumaines et intolérables. Continuons à dénoncer ces crimes odieux et ainsi aider les victimes qui vivent l’enfer au quotidien.

Jinhua Yang consacre tout son temps à informer et dénoncer ce que le régime chinois fait aux pratiquants de Falun Gong en Chine. En 2019 elle est allée témoigner au China Tribunal de Londres, elle a raconté son histoire à des journalistes et fait l’objet d’un documentaire complet par deux élèves de l’INA.

Aidez Jinhua à passer le message, signez la pétition et parlez-en autour de vous.

👉Autres témoignages et témoins de première main : https://fr.faluninfo.net

☎️Demande d’interview : 06.22.45.63.81

Le calvaire de Jinhua en chiffres :

  • 20 tortures différentes
  • 7 années de persécutions de différentes formes
  • 12 fois illégalement mise en garde à vue
  • 5 fois dans le centre de détention Laixi de la ville de Qingdao, illégalement détenue 3 fois au centre de détention,
  • et illégalement incarcérée 2 fois
  • Au total pendant 5 ans au centre de rééducation des femmes par le travail forcé à Shandong.

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Note : *La définition donnée par la Convention des Nations-unies contre la torture (1984) se base sur trois éléments :

  • Tout acte par lequel une douleur ou des souffrances aigües, physiques ou mentales, sont intentionnellement infligées à une personne ;
  • par un agent de la fonction publique ou avec son consentement ;
  • dans le but d’obtenir des renseignements ou des « aveux », de la punir, de l’intimider ou de faire pression sur elle.