Amy n’était pas orpheline mais craignait de le devenir à tout moment

Les familles brisées des pratiquants de Falun Gong

Mme Amy Yu est une personne discrète qui vit depuis 2010 à Londres où elle suit des études de mode. Depuis l’âge de 16 ans, Amy, de son vrai prénom Minghui, est habituée à se débrouiller seule. Elle est fille de pratiquants de Falun Gong en Chine, une pratique spirituelle persécutée par le Parti communiste chinois (PCC). Comme des dizaines de milliers d’autres enfants de familles de pratiquants, Amy s’est retrouvée privée de ses deux parents, incarcérés pour leur foi. Bien qu’ils aient pu échapper à la mort pendant leur période de réclusion de plus de 10 ans, leurs retrouvailles semblent impossibles. Malgré un passé douloureux qui ne semble pas pouvoir prendre fin, Amy a retrouvé foi en la vie et est déterminée à faire libérer sa mère et dénoncer les crimes du PCC.

La vie d‘Amy bascule à 12 ans, lorsque le Falun gong est déclaré « ennemi à abattre » par le PCC en 1999

La famille Yu est originaire de la ville de Mudanjiang dans la province du Heilongjiang. Amy se rappelle que le Falun Gong avait amené la paix dans sa famille. Le Falun Gong est une ancienne discipline spirituelle chinoise qui prône d’élever son caractère selon le principe d’Authenticité, Bienveillance et Tolérance. Son père, M. Yu Zhonghai, a commencé la pratique en 1994. Il a non seulement retrouvé la santé mais son caractère s’est également adouci. « Mon père est devenu plus paisible et aimable, il a arrêté de se disputer avec ma mère », se rappelle Amy. Sa mère, Mme Wang Meihong, voyant les bénéfices du Falun Gong sur son mari, a vu également ses soucis de santé disparaître avec la pratique. Ses parents ont appris à Amy à considérer les autres d’abord, à prendre la gloire et les choses matérielles avec légèreté et à suivre le cours naturel des choses.

En 1999, 100 millions de chinois pratiquent le Falun Gong. Le PCC décide d’éradiquer cette discipline dont les valeurs sont à l’opposé de celles du Parti-Etat. Depuis lors, les pratiquants font l’objet d’une persécution cruelle, injuste et illégale. Amy a 12 ans et vit à partir de ce moment dans la terreur constante. Le père d’Amy est arrêté et libéré dès le début de la persécution. De nouveau arrêté, pour avoir adressé une pétition au gouvernement central de Pékin pour le droit à la liberté de religion, il a été condamné à un an de travaux forcés.

Amy Yu partage son vécu d’enfant de pratiquant de Falun Gong, condamnée à vivre seule et sans la protection de ses parents, dès son plus jeune âge.
Amy Yu partage son vécu d’enfant de pratiquant de Falun Gong, condamnée à vivre seule et sans la protection de ses parents, dès son plus jeune âge.

Ses deux parents incarcérés à 2 ans d’intervalle

Zhonghai, le père d’Amy, artiste peintre et sculpteur sur glace talentueux, lui a appris à dessiner. Employé de la bibliothèque municipale, il a été honoré à plusieurs reprises comme employé modèle par les bibliothèques de la ville et de l’État.

En 2001, à 44 ans, pour avoir peint à la bombe sur un mur « Falun Dafa is Good ! » (« Le Falun Dafa est bon ! ») dans sa ville, il est condamné sans procès et sans représentation légale à 15 ans de prison. Il effectue sa peine à la prison de Mudanjiang, surnommée le « camp de concentration de la mort » selon Minghui.org. Selon ce site internet, les détenus y travaillent chaque jour pendant 12 heures, fabriquant des baguettes « stériles ». En réalité, ces produits sont contaminés de manière virale et bactérienne car les prisonniers vivent dans des conditions sanitaires déplorables. Par exemple, ils ne se lavent pas le visage pendant 10 à 20 jours et les cas de gale sont fréquents. 

On peut voir ici écrit à la bombe :  « Stop à la persécution de Falun Dafa - Stop aux meurtres des disciples de Dafa- Le bien et le mal vont recevoir chacun sa juste rétribution- Authenticité Bienveillance Tolérance » (Image Minghui)
On peut voir ici écrit à la bombe :  « Stop à la persécution de Falun Dafa – Stop aux meurtres des disciples de Dafa- Le bien et le mal vont recevoir chacun sa juste rétribution- Authenticité Bienveillance Tolérance » (Image Minghui)

La torture et lavages de cerveau sont utilisés pour « réformer » la personne, c’est à dire la faire renoncer par écrit au Falun Gong. Avant l’incarcération de son père, Amy n’avait jamais entendu parler du « banc du tigre », une forme de torture atrocement douloureuse qui provoque l’évanouissement des personnes.

Pour se consoler de l’absence de son père, elle se plonge dans la lecture de ses lettres qu’elle conserve sous son matelas. Mais « je n’osais pas trop les regarder. J’avais l’impression qu’elles pourraient disparaitre si je les lisais trop », confie-t-elle. 

Deux ans plus tard, Meihong, sa mère âgée de 45 ans, a été condamnée à 11 ans de prison, de 2003 à 2014, pour avoir parlé en public de la persécution. Elle était ingénieur principal dans un institut géologique. Sa mère avait des yeux pétillants et prenait soin d’elle consciencieusement chaque matin pour la protéger du froid du nord-est et la réchauffer en allant à l’école. Pratiquant le Falun Gong, elle était devenue une personne très serviable appréciée de sa famille, du voisinage et de ses collègues de travail.

Amy se souvient encore de la nuit où sa mère a été enlevée : « La police nous a emmenées, ma mère et moi, au poste de police. Quand nous sommes arrivées là-bas, la police s’est disputée avec ma mère et a dit qu’elle pratiquait le Falun Gong ».

« Puis ils m’ont montré du doigt et m’ont dit : ‘Les parents de cette fille sont tous les deux des pratiquants de Falun Gong, elle doit être méchante.’ »

Ils ont jeté une photo de Li Hongzhi, le fondateur du Falun Gong, sur le sol et ont demandé à Amy de marcher dessus. « Ils m’ont vu hésiter et m’ont crié : ‘Tu vois, c’est aussi une pratiquante de Falun Gong, enferme-la aussi !’ J’avais peur, et ma mère m’a poussée hors de la pièce en disant : ‘C’est juste une enfant, laissez-la partir’. Elle m’a dit : ‘Rentre à la maison, baobao [bébé] – cours !’ »

« Je me suis enfuie en pleurant. Je ne savais pas où je pouvais aller, ma maison était vide car mon père avait déjà été arrêté. J’ai appelé ma meilleure amie et j’ai demandé à passer la nuit avec elle. »

Au commissariat de police, Mme Wang a été interrogée 24 heures sur 24 pendant trois jours, alors qu’elle était enchaînée à une chaise en fer, et n’a pas été pas autorisée à dormir.

Mme Wang et sa fille Amy avant le début de la persécution en 1999
Mme Wang et sa fille Amy avant le début de la persécution en 1999

Amy doit se débrouiller seule à 16 ans

A 16 ans, telle une orpheline, Amy a dû apprendre à vivre et relever les défis toute seule. Elle est obligée de déménager loin de sa ville natale pour fuir le harcèlement de la police et les critiques de ses proches qui ne comprennent pas les choix de vie de ses parents. Elle passe alors tout son temps libre à faire les trajets pour rendre visite à ses parents, qui se trouvaient dans des prisons séparées, dans des villes différentes. Elle prenait le bus, le train, puis parcourait des kilomètres à pied pour voir ses parents ou leur parler. Mais du fait que ses parents étaient pratiquants de Falun Gong, on lui refusait souvent les visites bien qu’elle ait voyagé durant 20h. Elle déclarera plus tard en 2015, « pendant plus de dix ans, le temps total que j’ai passé avec mes parents était inférieur à vingt-quatre heures. D’innombrables nuits, je me suis endormie en pleurant et en me languissant d’eux, je ne pouvais pas supporter la douleur de penser à la situation de mes parents et j’avais une énorme peur de les perdre pour toujours comme les autres enfants du Falun Gong ».

Dans les moments difficiles, le souvenir du « sourire chaleureux et (du) regard lumineux » de son père la réconforte. Elle se rappelle avoir vu son père portant les stigmates de coups et de la lettre qu’il lui avait envoyée car elle avait sans doute réagi à cela avec une mauvaise attitude vis à vis du gardien se trouvant à côté de son père. Il lui disait de ne pas avoir de haine dans son cœur car beaucoup de gens dans cet endroit n’étaient pas eux-mêmes, n’avaient pas le choix et qu’il ne voulait pas qu’elle voit le monde négativement.

Malgré les directives de renforcement de la torture pour atteindre un taux de « transformation » de 100%, les parents d’Amy ne renoncent pas à leur foi

Les parents d’Amy ont été incarcérés dans deux prisons connues pour maltraiter et torturer les pratiquants de Falun Gong, la prison de Mudanjiang pour M. Yu et celle du Heilongjiang pour Mme Wang. Entre les deux prisons, plus d’une dizaine de pratiquants masculins et plusieurs dizaines de pratiquantes ont été torturés à mort et beaucoup sont devenus infirmes.

En 2009, déjà handicapé d’un œil avec un canal lacrymal définitivement déchiré, M. Yu doit affronter une nouvelle série de tortures du fait des directives reçues par la prison, de forcer les pratiquants à renoncer au Falun Gong de toutes les manières possibles. Battu, les côtes et une jambe cassées, il n’a pas retrouvé l’usage de sa jambe et est maintenant paralysé. Les coups et les chocs des matraques électriques sur sa poitrine lui ont causé un problème cardiaque qu’il n’avait pas auparavant. En raison de l’état de santé très critique de Yu, la cour avait l’intention de le relâcher à condition qu’il renonce au Falun Gong. Mais du fait de son refus, il a dû purger la totalité de sa peine de 15 ans et malgré sa mauvaise santé, il est forcé de continuer ce travail d’esclave.

Mme Wang a connu les privations de sommeil, de mouvement et de parole. Elle était forcée de travailler dans une pièce où deux grosses machines fonctionnaient à une température pouvant atteindre 180°. En été, c’était particulièrement épuisant et sa santé s’est dégradée rapidement. Comme elle refusait de renoncer à sa foi, en 2006, elle a été transférée dans un autre secteur de la prison pour y subir encore plus de torture. Chaque jour, elle devait rester assise sur un petit tabouret pendant une longue période, ce qui lui a causé des blessures aux fesses, au dos et aux jambes. Un détenu était chargé de la surveiller et de la suivre 24 heures sur 24, quoi qu’elle fasse. Elle ne pouvait pas parler aux autres pratiquants sans se faire réprimander. La persécution est devenue encore plus dure en 2008. Alors qu’elle méditait sur son lit, elle a été attaquée et passée à tabac et souffre depuis de lésions permanentes au genou droit.

Zonghai Yu, a été incarcéré à la prison de Mudanjiang, surnommée le « camp de concentration de la mort », pendant 15 ans pour ses croyances spirituelles. Il a subi diverses formes de torture.
Zonghai Yu, a été incarcéré à la prison de Mudanjiang, surnommée le « camp de concentration de la mort », pendant 15 ans pour ses croyances spirituelles. Il a subi diverses formes de torture.

« J’ai en quelque sorte perdu espoir en la vie » confie Amy

Amy n’a pas fait l’objet de tortures physiques, pour autant, la persécution du PCC laisse sur elle une empreinte indélébile. 

Douce-amère, Amy s’installe à Londres en 2010 pour réaliser son rêve. Elle a été admise à la Cambridge School of Visual & Performing Arts pour y étudier le stylisme. Etudiante à plein temps, elle doit travailler à temps partiel pour subvenir à ses besoins.

Jusqu’alors, ses parents ne lui avaient rien dit de ce qu’ils enduraient en prison. Ce n’est qu’en Angleterre qu’elle a découvert la persécution sur Minghui.org. Elle est effondrée.

Plus tard, au courant du mauvais état de santé de son père, elle s’est inquiétée pour lui. Elle craignait que celui-ci ne tienne pas jusqu’à la fin de sa peine et doutait qu’ils puissent se retrouver une fois ses parents libérés. Des collègues de son père qu’Amy connaissaient bien, avaient été tués en prison. Elle confie avoir « en quelque sorte perdu espoir en la vie » et renoncé à ses croyances. Elle se demandait alors « pourquoi la gentillesse est-elle punie? Pourquoi l’honnêteté n’est-elle pas récompensée ».

Bouleversée par l’exposition d’art Zhen-Shan-Ren, le Falun Gong lui redonne goût à la vie

L’exposition d’art Zhen-Shan-Ren (Authenticité, Bienveillance et Tolérance) qui a lieu à Cambridge la bouleverse, particulièrement le tableau dénommé « Homeless » (Sans abri) de cette petite fille seule et qui fait écho à sa propre histoire. Elle lui permet de comprendre le message de courage, d’espoir et de compassion, défendu fermement par ses parents et les autres pratiquants. 

Amy participe, en rotation avec les autres pratiquants de Falun Gong, au stand tenu 24h sur 24H qui révèle la persécution du PCC en Chine. Depuis le 5 juin 2002, quel que soit le temps, les pratiquants dénoncent sans relâche cette persécution en face de l’ambassade de Chine à Londres. Debout devant l’ambassade, Amy s’insurge : « Vous avez lancé cette persécution et causé la rupture de tant de familles. Vous avez emporté tout leur bonheur. Vous ne nous laissez pas pratiquer en Chine, n’est-ce pas ? Maintenant, je pratique devant vous. Vous voulez cacher cela ? Je suis ici pour le dénoncer ! »

Amy Yu devant le tableau « Les larmes d'une orpheline » à l'exposition internationale L'Art de Zhen Shan Ren (Authenticité-Bienveillance-Tolérance) en juin 2013, tenant une carte postale appelant à secourir son père.
Amy Yu devant le tableau « Les larmes d’une orpheline » à l’exposition internationale L’Art de Zhen Shan Ren (Authenticité-Bienveillance-Tolérance) en juin 2013, tenant une carte postale appelant à secourir son père.

Quand la famille Yu pourra-t-elle à nouveau être réunie ?

A ce jour, Amy n’a pas vu ses parents depuis 22 ans. En 2016, deux ans après sa mère, son père a été libéré. Les parents d’Amy ont tenté de lui rendre visite à Londres, mais le Parti communiste chinois les en a empêchés. Après avoir eu leurs demandes de passeport et de visa rejetées, ses parents ont appris qu’ils ne deviendraient jamais détenteurs de passeport en raison de leur foi dans le Falun Gong.

Le souhait d’Amy de retrouver ses parents a de nouveau été brisé lorsque sa mère de 63 ans a été condamnée à quatre ans de réclusion en mai 2021 à la prison pour femmes du Heilongjiang. Le juge a interdit à son avocat de la représenter. Mme Wang avait été de nouveau arrêtée par la police en mars 2020 pour avoir parlé du Falun Gong aux gens dans la rue de là Harbin et placée en centre de détention.

Amy fait tout son possible pour la faire libérer car du fait de la torture mais également en raison des prélèvements forcés d’organes sur les prisonniers de conscience, chaque jour de détention met la vie de Mme Wang en danger.

D’après des articles originaux de Faluninfo.net, Minghui.org et Epochtimes.fr :

https://faluninfo.net/mother-of-uk-fashion-designer-imprisoned-again-for-her-faith/

https://faluninfo.net/meihong-wang/

https://www.epochtimes.fr/londres-une-jeune-femme-sinquiete-pour-son-pere-enferme-dans-un-camp-de-la-mort-en-chine-155003.html

https://fr.minghui.org/html/articles/2021/4/15/88615.html

https://fr.minghui.org/html/articles/2021/4/19/88659.html

https://fr.minghui.org/html/articles/2021/4/20/88670.html

https://fr.minghui.org/html/articles/2021/4/22/88692.html

https://fr.minghui.org/html/articles/2021/4/24/88715.html

http://fr.minghui.org/html/articles/2021/4/29/88780.html